vendredi 24 janvier 2014

24/01 CRITIQUES DE CLARA MUGA EZQUERRA


Late at night – Voices of ordinary madness

XIAOLU GUO

Des londoniens sont filmés par la caméra de Xiaolu Guo. Au fur et à mesure, les dialogues qui paraissent dénués de sens, entrecoupés d'annonces d'un faux téléjournal, forment une critique de la société capitaliste, telle qu'elle est conçue tout autour du monde. 

J'ai apprécié ce documentaire qui démontre que nous ne sommes pas obligés de partir loin pour constater nombre de problèmes. C'est intéressant d'observer le point de vue d'une réalisatrice Chinoise à ce sujet, la Chine étant leader du capitalisme économique. Les témoignages sont nostalgiques, « c'était mieux avant », formule si générale. J'ai trouvé ces personnes touchantes, dans leurs incohérences ou tout simplement dans leur légère pointe de désespoir qui transparait à l'écran. L'utilisation de séquences alternées insiste sur l'absurdité de notre mode de vie et la bande son, qui donne l'impression d'être dans une usine directement sortie des « Temps modernes », remplit pleinement sa fonction. Tout laisse présager ici que l'âge d'or du capitalisme est révolu.

Clara Muga Ezquerra, Collège Madame de Staël



God Loves Uganda

ROGER ROSS WILLIAMS

Le titre annonce déjà la couleur : « Dieu aime l'Ouganda ». Certes, ce monsieur barbu tout-puissant est si empli d'amour qu'en son nom on reproduit sans cesse des aberrations. L'Uganda fait face depuis plusieurs années à un tsunami (et je pèse mes mots) d'évangélisateurs nord-américains. Sous des apparences altruistes empreintes de la sainte parole, ce sont tout un éventail de valeurs conservatrices qui se sont implantées dans les moeurs. Après le taux de personnes infectées par le VIH qui a soudain repris son augmentation (l'abstinence ou le sexe exclusivement entre époux n'étant évidement pas aussi efficaces qu'un préservatif), la sottise humaine a atteint son paroxysme lorsque le Parlement ougandais, avec force de cris triomphants, a interdit l'homosexualité il y a quelques années. Il était grand temps que Roger Ross Williams tire la sonnette d'alarme.
C'est très choquée et extrêmement émue que j'ai découvert ce problème. J'avais toujours imaginé le mouvement évangéliste et ses prédicateurs tels une minorité de  marginaux, sortes d'amishs à la sauce moderne. Quelle fut ma surprise en découvrant non seulement qu'ils étaient nombreux mais également qu'ils s'étaient lancés dans une « croisade » moderne via notamment les médias ! Roger Ross Williams filme très bien ce côté empreint de voyeurisme qu'ont ces « appels » évangélistes, où la caméra s'approche à quelques centimètres du visage en pleurs d'une femme, qui me semble très bonne comédienne. Comment un groupe religieux, qui a pour fondements la Bible, un livre qui prêche amour et tolérance, peut à ce point-là encourager la haine et la stigmatisation d'une partie entière de la population ? J'ai eu la nette impression d'assister à un remake de la colonisation au XVIIIe, au combien condamnée internationalement. L'unique différence est que les armes sont cette fois-ci bien plus sournoises. Le réalisateur cerne parfaitement le problème. Certaines images restent gravées dans ma mémoire : ces jeunes américains qui vivent l'expérience en Ouganda tel un voyage scolaire ayant pour destination la plage, cette prédicatrice qui donne la nette impression d'être une lesbienne refoulée puis la plus forte de toutes, celle d'un homosexuel pleurant sur la tombe de son amant assassiné : « Ils vont tous nous exterminer !». Documentaire « coup de poing » à voir absolument. Les évangélisateurs prévoient d'avoir touché toutes les populations d'ici 2020. Cultivons la tolérance afin qu'ils aient tort.


Clara Muga Ezquerra, Collège Madame de Staël

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire